Montréal, le 17 mars 2020
Madame Marguerite Blais
Ministre responsable des Aînés et des Proches aidants
Objet: Visite et assistance alimentaire à ma mère, Anita Djenandji Festekdjian, fragile pesant environ 80 livres défendues au CHSLD Les Cèdres (privé conventionné), 1275 Côte-Vertu Ouest, St-Laurent depuis l’annonce du premier ministre du Québec, François Legault
Madame la Ministre,
J’aimerais d’abord vous remercier chaleureusement pour votre passion pour la défense des personnes âgées et des aidants naturels.
Je suis la curatrice à la personne, représentante légale et aidante naturelle de ma mère, Anita Djenandji Festekdjian, depuis 10 ans, soit au début de ma carrière professionnelle, ce qui a bousculé ma vie, affecté ma carrière professionnelle, ma santé, ma vie personnelle et m’a empêché de fonder ma propre famille vu l’importance primordiale de ma mère dans ma vie qui était une mère au foyer arménienne traditionnelle et très près de ses enfants, ayant perdu son mari et mon père très tôt dans sa vie et qui s’est occupée de sa propre mère chez nous jusqu’à son décès.
Depuis l’annonce du premier ministre du Québec, François Legault, interdisant les visites dans les CHSLD, la directrice du CHSLD Les Cèdres, Madame Fadia Khoury a interdit à ma soeur, mon frère et moi-même de visiter ma mère pour lui prodiguer les soins journaliers et l’assistance à l’alimentation que nous lui donnons depuis 10 ans et l’alimenter 3 fois par jour comme nous le faisons depuis 2 ans suite à sa dysphagie et sa démence sévères où ma mère ne communique plus verbalement et ne mange plus sans assistance depuis plusieurs années et a besoin de la stimulation et patience de ses enfants pour l’alimenter, en l’hydratant au début du repas pour faciliter la déglutition, ce qui peut prendre plus d’une heure vu la lenteur et arrêts soudains de sa déglutition qu’on doit patiemment observer et encourager. Au début, on a essayer de bannir mon frère en disant qu’il prenait le métro alors que le employés prennent le métro et travaillent sans vêtements protecteurs présentement malgré la présence du virus dans le métro. Nous ne croyons pas que ma mère est présentement adéquatement alimentée sans notre assistance et ceci menace sa santé et sa sécurité. De plus, si l’intention réelle était de la protéger du virus, comment est-ce possible que les travailleurs de la santé prennent le métro et ne portent pas de vêtements protecteurs durant une pandémie alors que mon frère est banni pour cette raison spécifique?
Ma mère est presque décédée il y a un an d’un choc septique à cause d’une fièvre et des convulsions qui perduraient, une situation qui m’a pas été communiquée, résultant en un transfert tardif CHSLD à l’hôpital. Sans notre présence au CHSLD pour détecter son état qui ne m’était sinon pas communiqué au téléphone et mon insistance pour un transfert à l’hôpital rapide, ma mère n’aurait peut-être pas survécu. Ma mère était considérée déshydratée et souffrant de malnutrition par l’Hôpital Général Juif, qui a survécu par miracle et où, en voyant son état précaire, je suis intervenue pour suggérer des injections de vitamine C et thiamine qui sont utilisées dans des cas de chocs septiques aux Etats-Unis. Ma mère ne pèse présentement qu’environ 80 livres et ne pourra pas survivre et s’hydrater sans notre présence pendant plusieurs jours et semaines. Le personnel insuffisant admet même ne pas pouvoir l’hydrater tel que nous l’hydratons, en lui donnons q’un demi-verre de jus d’orange et un peu d’eau à chaque repas.
Ma mère est très fragile et s’est fait enlevée les droits que lui confère la Charte canadienne des droits et libertés et l’accès à sa curatrice. En l’isolant, le CHSLD utilise les paroles du premier ministre du Québec, François Legault, à la lettre, sans aucune exception et la fait souffrir mentalement et physiquement par l’absence de ses enfants qui sont sa raison de vivre et prodiguent de l’assistance à l’alimentation journalière ce que le personnel n’a jamais pu offrir durant les 10 ans en CHSLD ce qui a nécessité notre assistance journalière qu’on refuse soudainement..
Ceci traumatise non pas seulement ma mère qui est consciente de notre absence mais aussi ses enfants, qui souffrent physiquement et mentalement, qui ne peuvent la voir ou l’entendre car ma mère ne peut parler et ce ne sont qu’en nous voyant, qu’elle réalise notre présence et peut apprécier un peu de joie dans sa situation difficile souffrant de scoliose et cyphose et posture non adéquate que nous ajustons à chaque visite (posture à 30 degrés dans le lit et chaise basculée selon les directives de l’hôpital vu la dysphagie qui ne sont pas respectées, son hygiène dont nous nous occupons (sécrétions matinales à son réveil et durant la journée dont le personnel n’effectue pas à temps, hygiène dentaire etc) comme en témoigne les photos ci-jointes. Le CHSLD refuse même de nous permettre de la voir être nourrie par vidéo.
Nous prions pour de la compassion et un respect des droits fondamentaux de la Charte canadienne des droits et libertés par le CHSLD Les Cèdres envers ma mère fragile, incapable de s’exprimer et isolée complètement de sa curatrice, sa représentante légale, ses aidants naturels, qui est constamment en danger vu son poids et sa démence sévère et le fait qu’elle a déjà survécu in extremis à un choc septique horrible il y a un an où tous les antibiotiques possibles lui ont été administrées, ce dont elle ne pourra peut-être pas survivre une deuxième fois vu sa fragilité accrue et d’ainsi permettre à un de ses enfants de la nourrir et l’hydrater de façon journalière tel qu’auparavant quitte à porter des vêtements de protection etc ou accepter de vérifier leur température.
Je comprends que d’autres personnes vulnérables en CHSLD ne peuvent pas communiquer ces mêmes inquiétudes que je vous communique présentement. J’ai été informée qu’une dame arménienne ne peut plus fournir de l’assistance alimentaire à son époux résidant au 1er étage du CHSLD Saint-Laurent dans ce même édifice et je ne crois pas qu’elle sache à qui s’adresser. Aussi, l’hôpital général Juif ne permet pas à Mme Antoniadou, qui a été transférée du CHSLD Maimonides récemment dû à son état précaire, de recevoir la visite de sa fille et aidante naturelle.
Malgré les éclaircissements apportés dans les médias, certains hôpitaux et CHSLD , tel que le CHSLD Les Cèdres, interprètent les directives du premier ministre du Québec, François Legault, strictement et refusent toute exception. Certains ont récemment assoupli leurs directives relativement aux visites et ce, selon leurs propres critères. Le CHSLD refuse même de suivre les directives révisées d’hier du premier ministre du Québec où les aidants naturels seraient acceptés.
Veuillez noter que le commissaire aux plaintes, Monsieur Michel Coutu, est nommé par le conseil d’administration du CHSLD Les Cèdres et nous espérons que le projet de loi 52 empêchera ce conflit d’intérêt.
En vous remerciant pour votre lecture de ma lettre et espérant pouvoir donner des soins essentiels à ma mère fragile et ainsi protéger sa santé et sécurité et espérer l’application de la Charte canadienne des droits et libertés à ces gens vulnérables affectés, veuillez recevoir, madame la Ministre, mes salutations distinguées.
Tania Festekdjian
De : Tania Festekdjian
Date: mar. 17 mars 2020, à 17 h 36
Subject: Re: Visite bannie depuis l’annonce du premier ministre - CHSLD Les Cedres alors que ma mère est très fragile
Madame la Ministre, je vous renvoie ma lettre originale ci-bas à votre adress ministérielle.
Entretemps, je continuerais à insister pour voir ma mère par vidéo et je verserai des sommes additionnelles pour engager une infirmière ou médecin privé qui aura le droit de vérifier l'assistance à l'alimentation et l'installation d'une caméra.
Nous resterons malheureusement toujours traumatisés par ce manque d'humanisme et le tort que ces mesures excessives sans exception auront causé es à ma mère fragile de 76 ans pesant environ 80 livres et presque décédée il y a un an. Je suis convaincue que les mesures ne respectent pas les droits de la personne car des mesures auraient pu être prises pour des visites brèves et sécuritaires pour alimenter ma mère adéquatement. Ce n'est pas en temps de crise que nous devons éliminer les droits de la personne selon la Charte canadienne ou québecoise.
Compte tenu les procédures judiciaires en cours pour la négligence généralisée dans les CHSLD, je trouve qu'on vient rajouter à la souffrance des gens en CHSLD dont les familles et amis(es) comblaient les manquements dans ces soins.
En vous remerçiant encore, veuillez recevoir, Madame la Ministre et Daniel, mes salutations distinguées.
Tania Festekdjian